« A ce qui paraît, je suis né bâtard. Né comme ça, à la va-vite, et on s'est rapidement débarrassé de moi. Ma génitrice était trop jeune, mon père, on l'a jamais vu à l'orphelinat ni à l'hôpital. Même en me voyant la première fois hors de son ventre, elle a jamais changé d'avis. J'étais un poids dont il fallait se séparer, un boulet qui entraîne les autres au fond du gouffre. Ils ne m'ont pas aimé, et n'ont jamais cherché à me connaître. Ils ne m'ont pas détesté, ils n'en avaient rien à foutre de ma gueule ; c'est pire ! »

« Je ne me rappelle pas des visages de ceux qui m'ont créé, mais je me souviens avoir toujours vécu à l'orphelinat. C'était un endroit froid, glauque, je ne l'aimais pas. Je n'aimais pas ces gamins qui mendiaient des yeux les couples qui voulaient adopter, je n'aimais pas leurs têtes et n'avais pas envie de leur ressembler. Alors je lançais des regards noirs aux gens, je m'isolais. Et dès qu'ils partaient, je réconfortais ceux qui restaient et jouais avec.

Je ne pense pas avoir été spécialement gentil avec les autres, mais même si je me battais quelques fois ou que l'on me punissait quand je désobéissais, mieux valait ne pas être seul. Enfin, je crois... Ils avaient l'air de m'aimer un peu, à six ans, ils me connaissaient tous, et les nouveaux de mon âge venaient tous me voir. Apparemment, je devais avoir une tête de clown, ça leur remontait le moral, ça les faisait rire. Parfois, quand on sortait de l'orphelinat, c'était pour faire les fous en ville. Enfin, si on peut considérer Socx comme une ville... »